DPE et Amiante : Ce que les propriétaires doivent savoir en 2025 dans l’Eure et à Évreux
L’amiante est
une problématique majeure en France et plus particulièrement en Normandie où de
nombreux bâtiments, notamment à Évreux et Rouen, en contiennent encore malgré
son interdiction en 1997. Utilisé massivement dans la construction pour ses
propriétés isolantes, thermiques et ignifuges, il représente un risque
sanitaire avéré pour les occupants et les professionnels du bâtiment. La
réglementation évolue constamment pour renforcer la sécurité des travailleurs
et du public, imposant des obligations strictes aux propriétaires et aux
diagnostiqueurs
Depuis le 1ᵉʳ
janvier 2023, de nouvelles exigences en matière de diagnostic amiante sont
entrées en vigueur. Ces modifications concernent le repérage obligatoire avant
travaux et renforcent le cadre réglementaire en s’appuyant sur la norme NF
X46-020, actualisée en 2017. L’objectif principal est d’améliorer
l’identification des matériaux amiantés et de limiter les expositions
accidentelles. En 2025 et 2026, d’autres évolutions sont attendues, notamment
un renforcement des contrôles sur la transmission des rapports d’activité via
l’application SI-Amiante, qui pourrait entraîner des suspensions de
certification en cas de non-conformité
Le repérage
amiante est divisé en trois catégories distinctes, définies par les listes A, B
et C. La liste A regroupe les matériaux accessibles en tout temps, tels que les
calorifugeages, flocages et faux-plafonds. La liste B concerne les revêtements
de sols, murs et plafonds, ainsi que les canalisations et les éléments de
couverture, nécessitant des investigations plus poussées. La liste C, quant à
elle, s’applique aux matériaux non directement visibles, souvent intégrés dans
des structures nécessitant des travaux de démolition ou de rénovation. Ces
catégories conditionnent la méthodologie de prélèvement et les analyses en
laboratoire pour confirmer la présence de fibres d’amiante
L’amiante est
un polluant de l’air intérieur particulièrement dangereux car il se dégrade
avec le temps et libère des fibres invisibles qui, une fois inhalées, peuvent
entraîner de graves pathologies respiratoires. Parmi les maladies les plus
redoutées figurent l’asbestose, une fibrose pulmonaire irréversible, le
mésothéliome pleural, une tumeur maligne directement liée à l’amiante, et
divers cancers bronchopulmonaires. L’Institut National de Recherche et de
Sécurité (INRS) rappelle que l’exposition à l’amiante reste aujourd’hui la
première cause de cancers professionnels en France. Le seuil d’empoussièrement
réglementaire est fixé à 5 fibres par litre d’air, au-delà duquel des mesures
de confinement ou de retrait doivent être mises en œuvre
Les
obligations des propriétaires et des copropriétés sont strictement encadrées
par le Dossier Technique Amiante (DTA) pour les immeubles construits avant
juillet 1997. Ce document doit être mis à jour régulièrement et mis à
disposition des occupants ainsi que des entreprises intervenant sur le
bâtiment. Il contient les rapports de repérage, les évaluations périodiques de
l’état des matériaux et les mesures de protection à mettre en œuvre en cas de
détérioration. Dans les copropriétés, le syndic est responsable de sa bonne
tenue et de sa mise à jour conformément aux nouvelles réglementations
Le
désamiantage et le confinement des matériaux amiantés sont soumis à des règles
précises. En fonction du niveau de dégradation des matériaux, plusieurs
méthodes peuvent être utilisées. Le confinement consiste à encapsuler l’amiante
pour éviter la dispersion de fibres, tandis que le désamiantage implique le
retrait complet des matériaux contaminés. Ces opérations doivent être réalisées
par des entreprises certifiées sous atmosphère contrôlée avec des équipements
de protection individuels stricts. Un mesurage de l’air après intervention est
obligatoire pour s’assurer de l’absence de contamination résiduelle avant
réoccupation des locaux
Les travaux
sur des bâtiments amiantés nécessitent une analyse de risque approfondie et
l’élaboration d’un plan de retrait conforme à la réglementation en vigueur.
L’empoussièrement doit être contrôlé à chaque étape, avec des prélèvements
réalisés avant, pendant et après les interventions pour garantir la sécurité
des travailleurs et des occupants. La gestion des déchets amiantés est
également un enjeu clé. Ces déchets classés dangereux doivent être
conditionnés, étiquetés et transportés vers des centres de traitement
spécialisés agréés
Le
non-respect des obligations réglementaires expose les propriétaires, maîtres
d’ouvrage et entreprises du bâtiment à des sanctions sévères. En cas d’absence
de diagnostic amiante avant travaux, les amendes peuvent atteindre 18 000 euros
pour une personne morale. En cas d’exposition avérée des travailleurs ou des
occupants, des poursuites pénales peuvent être engagées pour mise en danger de
la vie d’autrui, avec des peines pouvant aller jusqu’à trois ans
d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. Les récentes décisions de justice
montrent une application de plus en plus stricte des responsabilités en matière
d’amiante
Face aux
enjeux de santé publique et aux obligations croissantes, des aides financières
sont mises en place pour accompagner les propriétaires et copropriétés dans les
démarches de mise en conformité. L’Anah propose des subventions pour les
travaux de rénovation énergétique incluant le traitement de l’amiante.
Certaines collectivités locales en Normandie offrent également des aides
spécifiques pour les opérations de diagnostic et de désamiantage. Ces
dispositifs permettent d’anticiper les coûts et d’assurer une mise en
conformité avant une revente ou une mise en location
Les
perspectives réglementaires pour 2025-2026 laissent entrevoir un renforcement
des exigences en matière de traçabilité et de gestion de l’amiante. Le
gouvernement prévoit notamment une obligation de transmission numérique des DTA
pour faciliter le suivi des bâtiments et anticiper les risques d’exposition. Un
projet de loi envisage également d’imposer des repérages amiante systématiques
avant toute transaction immobilière, y compris pour les logements individuels,
ce qui marquerait un tournant majeur dans la gestion du risque amiante en
France
La Normandie,
et plus particulièrement Évreux et Rouen, reste une région fortement concernée
par la présence d’amiante, notamment en raison du grand nombre de bâtiments
construits avant l’interdiction de 1997. Les propriétaires doivent donc
redoubler de vigilance face aux nouvelles contraintes réglementaires et
anticiper leurs obligations pour éviter des sanctions et garantir la sécurité
des occupants. L’évolution rapide du cadre légal impose une veille permanente
pour s’assurer que chaque bâtiment reste conforme aux nouvelles exigences